L'enjeu a donc attisé les débats et même divisé les membres de la Plate-forme Française du Commerce Equitable (PFCE). L'approche de certains consistait à certifier seulement les produits pour que l'ensemble de leur production soit garantie équitable. D'autres défendent le principe de certification par filières. Selon cette optique, les organisations ont l'obligation de prouver pour chaque filière de produits le respect des critères du commerce équitable ce qui constituerait une meilleure garantie contre les fraudes et les abus et surtout éviterait que la grande distribution se déclare acteur du commerce équitable.
Ces approches divergentes n'ont pas facilité la tâche pour l'AFNOR chargée de rédiger cette norme. Après de nombreux rebondissements et face à la difficulté de trouver un terrain d'entente commun, cette « norme » a été finalement réduite à « un fascicule de référence » qui n'a qu'un pouvoir informatif.
Ce document vient d'être publié sous l'intitulé « Accord AFNOR AC X50-340 : Les trois principes du commerce équitable » et définit comme son nom l'indique les trois principes complémentaires et indissociables du commerce équitable soit :
• L'équilibre de la relation commerciale entre les partenaires ou co-contractants,
• L'accompagnement des producteurs et des organisations des producteurs engagés dans le commerce équitable,
• L'information et la sensibilisation du consommateur, du client, et plus globalement du public au commerce équitable.
Il n'est donc pas question de norme ni de label unique français pour l'instant.
Malgré sa faible portée, ce texte est le premier en la matière au niveau mondial. Comme le précise Gérard Sarracanie, Président de la Commission de normalisation, ce sujet intéresse tous les Français comme le confirme un sondage IPSOS. La France se félicite d'être pionnière dans le domaine du commerce équitable et de faire ainsi progresser la cause d'un commerce plus juste au bénéfice des petits producteurs et des consommateurs.
Le sondage IPSOS* auquel fait référence Gérard Sarracanie date de juin 2005. Selon celui-ci, 74% des personnes interrogées ont déjà entendu parler du commerce équitable alors qu'elles n'étaient que de 32% en 2002**. 49% d'entre elles ont même déjà acheté des produits issus de ce type de filière et principalement du café, du thé et du chocolat.
Néanmoins, le projet de s'arrête pas là. Après une période d'expérimentation, cet accord pourra servir de base à une démarche de normalisation lorsque tous les acteurs seront près à se réunir une nouvelle fois autour d'une table pour débattre de la question.
*sondage réalisé par IPSOS le 20 et 21 mai 2005, par téléphone, auprès de 1023 personnes représentatives de la population.
**Sondage IPSOS réalisé en novembre 2002.