C'est dans ce but que s'est tenu le troisième Forum Urbain Mondial du 19 au 23 juin à Vancouver sous l'égide de l'ONU. Plus de 10.000 participants venus de plus de 100 pays, appartenant aussi bien au secteur public qu'au secteur privé se sont réunis pendant une semaine sous le thème général « Des Villes Durables – Passer des Idées à l'Action » . Le Forum s'est articulé autour de trois sous-thèmes : croissance urbaine et environnement, partenariats et finances et insertion et cohésion sociales. Ministres, maires, universitaires, organismes communautaires, fédérations d'organisations non gouvernementales et secteur privé ont mis en commun leur expérience et exprimé leurs points de vue sur ce qui pourrait permettre d'améliorer la qualité de vie dans les villes grandissantes du monde. De nombreux thèmes ont été abordés comme la lutte contre la pauvreté, la protection de l'environnement, l'énergie, les transports urbains ou encore la démocratie participative.
Lors de la cérémonie d'ouverture, Inga Bjork-Klevby, Directrice Exécutive Adjointe de ONU-HABITAT a rappelé pour le compte de Kofi Annan, Secrétaire Général de l'ONU, qu'au cours des trois dernières décennies, le monde est devenu plus urbanisé, plus congestionné, plus pollué et moins équitable. La pauvreté et la privation ont atteint des proportions importantes, avec plus de la moitié des populations urbaines du monde en développement, vivant dans des taudis.
Au cours des nombreux ateliers, plusieurs idées fortes ont été exprimées. Tous les participants se sont entendus sur le fait que, si les villes veulent atteindre leurs objectifs en matière de développement durable, les dirigeants municipaux doivent accepter de prendre des risques et chercher à innover. Des participants d'un peu partout dans le monde ont d'ailleurs présenté des initiatives pouvant servir d'idées. La ville brésilienne de Porto-Allegre a par exemple mis en place la notion de budget participatif qui permet à la population locale de participer à la prise de décision concernant le budget d'investissement de la municipalité.
Tous les participants ont également reconnu l'importance de la transparence et de la responsabilisation. Les citoyens doivent connaître les défis et les moyens que les gouvernements prennent pour les relever. Lorsque la transparence va de pair avec la responsabilisation, les mesures efficaces peuvent être activées, et les mesures inopérantes, plus vite écartées.
L'aspect protection de l'environnement a été abordé dans plusieurs ateliers et les réflexions ont porté sur la manière d'intégrer les aspects environnementaux dans la planification à long terme de la ville. Pour Osman Asmal, Directeur du Département de la Gestion des Ressources Environnementales de la ville du Cap en Afrique du Sud, il est nécessaire d'établir un nouveau idéal urbain. Il a suggéré que les villes soient conçues et gérées en utilisant les écosystèmes naturels comme modèles.
Les services de l'eau et de l'assainissement ont fait l'objet d'une discussion à part entière qui s'est concentrée sur les risques de conflits entre les bénéficiaires de l'eau parfois transportée sur de longue distance vers les villes et les populations locales vivant à proximité des points d'alimentation. L'aspect sanitaire a également été le sujet de nombreuses interventions pour rappeler que l'eau polluée était en cause dans le tiers des maladies connues dans le monde, freinait le développement économique et dégradait l'environnement.
Malgré une semaine de discussion, de démonstrations et de déclarations, il est encore difficile d'évaluer les retombées concrètes de ce Forum Urbain Mondial comme c'est souvent le cas pour les évènements de cette ampleur. Comme souvent tous les participants ont montré une volonté de passer à l'acte en rentrant dans leur pays, mais encore faut-il qu'ils le fassent. Certains ont d'ailleurs évoqué le fiasco des Objectifs du Millénaire pour le développement qui n'ont pas eu de répercussions sur le terrain dans de nombreux pays. Les engagements pris par les gouvernements lors du Sommet du millénaire en 2000 et l'adoption de stratégies nationales de réduction de la pauvreté dans plusieurs pays n'ont pas forcément abouti à une amélioration des conditions de vie chez les pauvres en milieu urbain. Les participants ont donc logiquement estimé qu'il y avait encore un écart considérable entre les déclarations des gouvernements et leurs actions.