Cette année, les perturbations climatiques ont été plutôt modérées mais aléatoires. La température de l'océan Pacifique a monté en moyenne de 2°C (contre 5°C en 1997). La Californie s'attendait à de très fortes précipitations, explique Bill Patzert, chercheur en science de la Terre à la NASA.
Finalement, les épisodes chauds et froids ont alterné avec les épisodes froids et humides. En revanche, l'Australie a connu une sécheresse plus sévère qu'en 1997-98, alors qu'El Niño avait été particulièrement fort cette année-là.
Ces bizarreries seraient dues à l'intervention d'un autre phénomène océanique, l'Oscillation Pacifique décennale (PDO), selon Patzert. Il s'agit d'un cycle régulier, avec une périodicité de 20 à 30 ans, qui alterne phase chaude et phase froide dans l'océan Pacifique nord. Lorsque El Niño coïncide avec une phase froide de cette oscillation, il serait plus modéré mais imprévisible, comme cette année.
El Niño et La Niña constituent deux éléments importants de la variabilité du Climat. Il s'agit de phénomènes océaniques, se traduisant :
-en période El Niño par des températures de surface (les quelques premières dizaines de mètres) anormalement chaudes dans le centre et l'est du Pacifique autour de l'Equateur. Lors du dernier épisode (1997-1998), l'anomalie a atteint 4°C (moyenne sur le domaine 5S-5N x 150W-90W), et localement 5°C sur l'équateur dans le Pacifique Est au plus fort du phénomène en décembre 97.
-en période La Niña par des températures de surface dans la même zone anormalement froides.
Du fait du fort couplage existant entre océan et atmosphère, El Niño et la Niña constituent les deux états extrêmes de ce que l'on appelle l'oscillation australe, qui se traduit dans l'atmosphère par une variation à intervalles irréguliers (3 à 7 ans) du champ de pression moyen entre l'ouest et le sud-est du Pacifique tropical. On caractérise ainsi souvent l'oscillation australe par la différence de pression entre Tahiti et Darwin en Australie. L'indice est <0 en période El Niño, >0 pendant La Niña.
On appelle souvent l'ensemble des phénomènes atmosphériques et océaniques ENSO (El Niño-Southern Oscillation en anglais).
On a pu relever par le passé plus d'épisodes El Niño que La Niña; qu'un Niño fort n'est pas forcément suivi d'une Niña forte
et qu'un événement El Niño n'est pas forcément suivi d'une Niña.
Date des épisodes récents :
Niño: 1972, 1976, 1982, 1986, 1991, 1994, 1997.
Niña: 1970, 1973, 1975, 1988, 1995.
Dans les deux situations, on note des impacts sur la quasi totalité du globe, mais de façon très régionalisée. La majorité des impacts se produit dans la ceinture intertropicale (mais peu d'effets en Afrique hors de l'Afrique du Sud et de la région du Lac Victoria), avec certains impacts également significatifs aux latitudes plus tempérées .
On note que l'Europe de l'Ouest est faiblement concernée par l'impact de l'ENSO, ce qui est vérifié par des scores en général peu significatifs des modèles de prévisions saisonnières dans cette zone.
Article publié le 03 avril 2003