Le 17 mai 2017, Nicolas Hulot se voyait nommer ministre de la Transition écologique et solidaire par un couple exécutif dont l'environnement était loin d'être la première priorité. De nombreux observateurs ne lui donnaient que quelques mois à la tête de ce maroquin, tant ils estimaient le fossé important entre ses convictions et celles d'un gouvernement tourné vers la recherche de performances économiques. Un an après, le porteur du Pacte écologique de 2007 est toujours là. Au prix d'un certain nombre de renoncements qu'il ne considère pour l'instant pas rédhibitoires pour poursuivre le travail de fond qu'il entend mener à l'aide de ses deux secrétaires d'Etat Brune Poirson et Sébastien Lecornu.
Nucléaire : renoncement sur les objectifs
Le plus marquant de ces renoncements a sans doute été l'annonce le 7 novembre que la baisse du nucléaire à 50% dans le mix énergétique d'ici 2025 ne serait pas atteinte. Un objectif pourtant inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015. Pour y parvenir, il faudra fermer entre 17 et 25 réacteurs nucléaires, a précisé Nicolas Hulot qui a jugé irréaliste ce calendrier sauf à relancer les énergies fossiles. "Ne décourageons pas les investissements dans les énergies propres et les économies d'énergie en remettant en cause sans débat des repères pour réussir le nouveau modèle énergétique", avait taclé Ségolène Royal, qui n'était pas parvenue à fermer la centrale de Fessenheim, malgré la promesse de François Hollande.
Sur ces dossiers qu'il a beaucoup travaillés, le ministre n'a toutefois pas l'intention de rester les deux pieds dans le même sabot. Dans son plan climat présenté en juillet dernier, il a annoncé l'engagement de la France vers la neutralité carbone à horizon 2050 grâce au déploiement des énergies renouvelables (EnR), à la décarbonation du mix énergétique d'ici 2040 et à une réduction drastique des consommations. Il a réussi à faire adopter la loi interdisant la production d'hydrocarbures en France, au prix toutefois de nombreuses dérogations.
Le déploiement des EnR s'est traduit par le lancement de groupes de travail par filière, la simplification des procédures ou encore l'augmentation du volume des appels d'offres pour le photovoltaïque. Mais ces politiques volontaristes sur les EnR ont été ternies par la volonté du gouvernement de remettre en cause des projets attribués par appels d'offres. Le 26 avril, Nicolas Hulot présentait le plan de rénovation énergétique des bâtiments avec son homologue Jacques Mézard. Plan qui doit encore faire ses preuves sur le terrain.
La hausse de la fiscalité carbone est actée
Si le ministre a officiellement relancé les travaux de l'exécutif sur la fiscalité écologique en février, la principale avancée en la matière avait été actée dans la dernière loi de finances avec la hausse de la fiscalité carbone. Une hausse qui produit ses premiers effets en renchérissant le coût des énergies fossiles.
Nicolas Hulot n'était pas parvenu via la loi à mettre en oeuvre la réforme de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) en vue de pénaliser la mise en décharge et l'incinération. Mais il a modifié par voie réglementaire le calcul des réfactions de taxe qui vont dans le même sens. La politique en matière de déchets s'est surtout traduite par l'adoption le 23 avril de la feuille de route sur l'économie circulaire, lancée par le Premier ministre et Brune Poirson.
En matière d'encadrement des nuisances industrielles, on assiste à un vaste mouvement de simplification des procédures, notamment à travers le projet de loi sur la société de confiance initié par Bercy ou la réglementation sur les installations classées. Le ministère de la Transition écologique assure que la réforme de cette dernière n'affaiblit en rien les exigences environnementales. Cela reste à vérifier sur le terrain, en particulier lorsque le déclassement conduit à dispenser d'étude d'impact des projets pourtant situés en milieu sensible.
Le plan biodiversité encore attendu
Si le ministre a gagné l'arbitrage conduisant à l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l'intervention policière en avril, son silence et la difficulté à sortir de la logique de ZAD pèsent sur son bilan. Ses réalisations en matière de pollution de l'air restent légères, peu de mesures supplémentaires ayant été prises bien que le Gouvernement ait été taclé par le Conseil d'Etat et par la Commission européenne. Dans le domaine des transports, dont il a aussi la charge dans son périmètre mais qu'il délègue largement à sa ministre Elisabeth Borne, les conclusions des assises de la mobilité sont accaparées par les débats sur la réforme de la SNCF.
Globalement, l'action de Nicolas Hulot se fait aussi attendre en matière de biodiversité. Après avoir fait son mea culpa en octobre pour ne pas avoir assez investi ce champ, le ministre a annoncé la présentation d'un plan biodiversité tout en précisant que ce combat était l'affaire de tous. Les gestionnaires d'espaces naturels ont pointé les contradictions du Gouvernement qui lève par ailleurs les freins à l'urbanisation, notamment en fluidifiant le contentieux de l'urbanisme à travers le projet de loi Elan. Avec son homologue à l'Agriculture, Hulot a discrètement publié un plan loup controversé en février sans avoir réussi à apaiser les tensions sur ce dossier clivant, contrairement à ce qu'il escomptait. L'absence du locataire de l'hôtel de Roquelaure a également été remarquée lors des clôtures des Etats généraux de l'alimentation.
Le domaine de l'eau reste par ailleurs peu investi par le ministre, alors qu'une hausse des prélèvements sur le budget des agences de l'eau remet en cause le programme d'actions de ces établissements. L'initiative principale en la matière est l'organisation d'Assises de l'eau dont l'objectif est de préparer un plan de lutte contre les fuites des réseaux.
En ce qui concerne la santé environnementale, Nicolas Hulot, qui partage bien souvent ses compétences avec les ministres chargés de la santé et de l'agriculture, n'est pas parvenu à empêcher le renouvellement du glyphosate pour une durée de cinq ans. Le 25 avril dernier, il présentait avec ses homologues le plan d'action du gouvernement pour réduire l'usage des pesticides. Un plan qui prévoit beaucoup d'évaluations mais qui ne contient que peu de décisions de court terme et a laissé dubitatives de nombreuses parties prenantes.