C'est le résultat d'une étude réalisée par Com'in, l'agence de communication interne de DDB Corporate, en collaboration avec l'institut Opinionway, du 7 au 17 juillet 2009. 1.012 salariés et fonctionnaires des entreprises privées et publiques de plus de 100 personnes ont été questionnés sur leur vécu et leurs attentes concernant la stratégie développement durable de leur société.
Pour 40 % d'entre eux, les actions menées par leur entreprise dans le domaine du développement durable resteraient limitées. Paradoxalement, les répondants seraient 71 % à juger que leur société accorde une grande importance à cette thématique.
Un gap générationnel ?
La perception varie en fait selon les générations. Les plus jeunes se montreraient beaucoup plus critiques, n'hésitant pas à fustiger le manque d'engagement de leur direction. Rémi Deveaux, responsable de la performance développement durable de Schneider Electric, évoque un attachement moindre des jeunes actifs à leur entreprise. Leur prise de parole serait donc plus libre. Rémi Deveaux estime toutefois que les jeunes salariés pourraient être moins au fait des initiatives adoptées.
Quel que soit leur âge, 87 % des salariés aimeraient que leur société consacre plus de temps et de moyens financiers au développement durable. Néanmoins, l'objectif de la démarche consisterait surtout à améliorer l'image de l'entreprise. Hélène Valade, présidente du Collège des directeurs du développement durable engagés (C3D), juge ce résultat logique. Selon elle, la société française n'aimerait pas l'entreprise. La thématique développement durable apparaîtrait donc comme le moyen de rendre objectivable sa responsabilité citoyenne. Pour Fabrice Bonnifet, directeur développement durable du groupe Bouygues et vice-président de C3D, le problème est ailleurs : ''Les collaborateurs ne restent que sur du superficiel''.
Un déficit d'information
Superficiel ou non, le manque d'information semble quant à lui évident : une faible majorité de salariés (52 %) s'estimerait bien informée à ce sujet. Depuis février 2002 et la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE), les entreprises françaises cotées doivent intégrer des données sociales et environnementales dans leur rapport annuel. Un moyen comme un autre d'informer les salariés…
Mais selon l'Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE), cette disposition légale n'a jamais été véritablement respectée. Or, la loi n° 2009-967 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement (Grenelle 1), du 3 août 2009, pourrait étendre cette obligation à d'autres entreprises en fonction de seuils atteints par le chiffre d'affaires, le total de bilan ou les effectifs salariés. Elle pourrait également concerner la ou les filiales des entreprises visées.
Une prédominance des préoccupations environnementales
Yves Medina, vice-président de l'ORSE s'interroge, quant à lui, sur l'absence relative des aspects sociétaux dans les réponses fournies. La mise en place de bonnes pratiques managériales ne recueillerait que 15 % des suffrages et les éco-gestes seraient toujours les premières actions attendues par les salariés. Aussi Yves Medina rappelle que ''le développement durable, c'est la transformation durable des métiers et des modèles économiques, pas seulement des petits gestes''.
La nécessité d'un modèle
Pour Hélène Valade, il existe un réel décalage entre le fort intérêt des salariés pour le développement durable et le soupçon persistant à l'égard des entreprises. Mais les employés plébisciteraient avant tout l'exemplarité de leurs responsables. Et de conclure : ''des patrons exhortant au développement durable tout en roulant dans des voitures particulièrement émettrices, ce n'est plus possible !''