Le modèle de consommation actuel toujours plus friand de ressources naturelles est en bout de course. Générateurs de déchets encore trop souvent enfouis ou incinérés, sources de pollution tout au long de leur cycle de vie, gourmands en énergie, les produits et services laissent une empreinte environnementale non négligeable. Dans la lignée de ses études prospectives lancées en 2012, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) s'est penchée sur ce sujet et a évalué les gains environnementaux possibles si les ménages français consommaient mieux. Un exercice (1) qui constitue "d'abord une aide à la réflexion avant, le cas échéant, d'être une aide à la décision", précise l'Ademe.
L'Analyse Entrées-Sorties
La méthode de l'Analyse Entrées-Sorties (AES) permet de modéliser l'influence de changements dans un secteur d'activité particulier ou de changements de consommation sur le reste de l'économie sur une année donnée. Pour cette étude, l'Ademe a utilisé la NACE (nomenclature européenne) qui représente l'économie en 59 produits et services.
Les résultats les plus probants s'observent dans l'habitat et la mobilité avec une baisse de 35% et 25% respectivement des émissions de gaz à effet de serre. L'alimentation (-10%) et la consommation de produits non alimentaires (-10%) sont également sources d'économie.
Des changements profonds sont nécessaires
Mais pour arriver à ces résultats, les Français ne devront pas lésiner sur les efforts. Certaines hypothèses de l'Ademe sont à contre-courant de la tendance actuelle : allonger la durée de vie des équipements électriques et électroniques de 20% et améliorer leur efficacité énergétique (-22%), développer la mobilité servicielle avec les véhicules en autopartage, en location ou en covoiturage, réduire drastiquement le gaspillage alimentaire (-60%) ou encore réduire à 50% la part des maisons individuelles dans les constructions neuves au profit du petit collectif (contre 58% aujourd'hui). "Cet exercice a permis d'entrevoir de réelles potentialités de changements, qui devront être actionnés à plus grande échelle encore, pour atteindre les objectifs environnementaux de long terme, conclut l'Ademe. Des évolutions de la société, à la marge, ne seront pas suffisantes pour une transition écologique", prévient l'agence.
Outre d'appeler à une modification en profondeur des modes de consommation, l'analyse a permis à l'Ademe d'affiner ses techniques de prospective : "le travail réalisé a montré la difficulté d'agréger des hypothèses fines sur de multiples produits, explique Isabelle Vincent, du service économie et prospective. Certaines hypothèses spécifiques à un produit, comme celle d'une baisse de la consommation de viande de 10% par individu, n'ont pas pu être prises en compte dans l'analyse quantitative", ajoute-t-elle. Les méthodes de quantification utilisées dans l'exercice, telles que l'ACV ou l'AES (Analyse de Cycle de vie ou Analyse Entrées-Sorties), donnent une vision partielle des enjeux et des marges d'amélioration possibles selon l'agence qui envisage déjà de compléter ses travaux sur la question des modes de vie des Français d'ici 2030.