Ce jeudi 6 mars, Emertec Gestion, spécialiste de l'investissement dans les start-up du secteur des écotechnologies, a présenté son nouveau fonds d'amorçage, Emertec 5. Le fonds, qui a pour objectif de lever 55 à 60 millions d'euros, dispose actuellement de 50 millions apportés par six industriels et investisseurs institutionnels. L'objectif est de prendre des participations dans 15 à 20 projets dans les domaines de l'énergie, de la chimie verte et de l'environnement.
Partenariats avec les industriels
Au premier rang des investisseurs qui financent Emertec 5 apparaissent le Fonds national d'amorçage de Bpifrance et le Fonds européen d'investissement. Le premier apporte 23 millions d'euros issus du programme investissement d'avenir (PIA) piloté par le Commissariat à l'investissement et le second contribue à hauteur de 15 millions d'euros dans le cadre du programme-cadre de l'Union européenne pour la compétitivité et l'innovation.
Quatre industriels complètent le tour de table. Il s'agit d'Areva, de GDF Suez, de Siclaé, spécialiste de la transformation des productions végétales, et d'Unigrains, investisseur indépendant dans le secteur de l'agro-alimentaire. Le fonds espère convaincre deux entreprises supplémentaires afin de lever 5 à 10 millions d'euros supplémentaires. Pour Emertec Gestion, cette ouverture au monde des entreprises permet de développer "un nouveau modèle de corporate venture dans une logique d'open innovation", c'est-à-dire modèle d'investissement en capital basé sur la participation d'industriels et le partage des innovations.
De même, le fonds est en relation avec les laboratoires de recherche publique. Le Centre à l'énergie atomique (CEA) est actionnaire de référence d'Emertec Gestion et de nombreux laboratoires participent au réseau de partenaires mis en place par le fonds. C'est le cas notamment des équipes de recherche de l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen), de l'Institut national de recherche agronomique (Inra) ou de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
Efficacité énergétique et insectes
Le fonds entend investir jusqu'à 5 millions d'euros par projet dans 15 à 20 start-up. Dans le secteur de l'énergie, il privilégie les entreprises susceptibles de participer à la transition énergétique. "Le modèle actuel de l'énergie est en train de changer, de se fissurer, même si la France n'est pas forcément le pays le plus avancé", estime Eric Marty, membre du directoire d'Emertec Gestion. Pour participer "au bouleversement à venir", le fonds a retenu trois axes : l'énergie intelligente (collecte massive de données chez les consommateurs et les nouveaux services d'optimisation), le stockage de l'énergie (avec le stockage thermique ou électrique) et l'efficacité (avec les technologies de réduction de la consommation et de nouveaux modes de production énergétique). Qualisteo, une start-up qui propose une solution de mesure de la consommation électrique associée à des services d'efficacité énergétique, est l'une des deux premières entreprises soutenues par le fonds.
Dans le domaine de la chimie verte, le fonds entend "poursuivre l'exploration de la biodiversité", notamment avec les micro-algues, les bactéries ou les levures. En l'occurrence, Emertec 5 vient de financer à hauteur de 900.000 euros la start-up Ynsect qui cherche à développer, à partir d'insectes, des produits bio-sourcés et de nouvelles sources de protéines pour l'alimentation.
Enfin, dans le secteur de l'environnement, trois autres domaines intéressent Emertec 5. Il s'agit tout d'abord de l'efficacité hydraulique avec les traitements avancés des eaux usées, saumâtres et salines, ainsi que la réutilisation des eaux usées. Le fonds souhaite aussi investir dans les réseaux de capteurs communicants destinés aux domaines de l'eau, de l'air et des déchets. Les nouvelles ressources constituent le troisième domaine visé. Il s'agit ici du recyclage au sens large et des "nouvelles mines urbaines", c'est-à-dire les déchets des citadins.