Pourtant, les chercheurs de l'IRD et du CNRS des unités Great Ice et Legos ont réussi cette prouesse en utilisant la tehcnique de l'imagerie satellitaire. Cette technique leur a permis de comparer les topographies des glaciers réalisées en février 2000 puis en novembre 2004 sur une zone exploratoire de 915 km2 dans la chaîne himalayenne. Sur la période 2000-2004, les observations montrent un amincissement de 8 à 10 m aux altitudes de moins de 4400 m et à un amincissement moindre mais encore marqué, d'environ 2 m, pour les zones les plus hautes au-dessus de 5000 m.
Encore expérimentale, cette technique a été validée par la même équipe sur les massifs alpins bien cartographiés avec l'appui du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement de Grenoble, du CNRS et de l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Grenoble. Mais c'est la première fois que ce procédé est mis en œuvre sur une zone géographique pour laquelle on ne dispose d'aucune donnée de contrôle au sol fiable, donc aucun repère pour « caler » les images. Pour se faire, les chercheurs ont commencé par récupérer les données satellites effectuées par la NASA sur les périodes 2000 lors de la mission Shuttle Radar Topography et les données 2004 acquises par le satellite français Spot5 dans le cadre d'un projet ISIS (CNES). Pour chacune d'elles, ils ont extrait la représentation numérique de la topographie de la zone terrestre étudiée et ont reformé une image en trois dimensions à partir de deux photos du même lieu prises sous des angles différents. La comparaison des deux images topographique a permis d'observer les variations d'épaisseur des glaciers sur la période 2000-2004.
Résultat, les images montrent un net recul pour les plus grands glaciers dont les langues terminales descendent le plus bas (environ 4000 m) avec une diminution de 8 à 10 m de leur épaisseur au-dessous de 4400 m. Cette perte reste de 4 à 7 m entre 4400 et 5000 m, passant à 2 m au-dessus de 5000 m. L'estimation par images satellites donne un bilan moyen de -0,7 à -0,85 m par an sur les 915 km2 de glaciers étudiés, soit une perte totale de 3,9 km3 d'eau en 5 ans.
Afin de vérifier ces résultats et de valider le procédé, des calculs ont été effectués pour corriger les déviations des satellites et des mesures de terrains ont été faites sur la même période sur un glacier proche mais plus facile d'accès. Pour les scientifiques de l'IRD et du CNRS, ces résultats sont en adéquation avec la fonte des glaciers évaluée dans le monde entier entre 2001 et 2004. La démarche va donc être élargie à d'autres zones de l'Himalaya afin de préciser l'évolution encore mal connue des glaciers de la région qui constituent l'origine des sept plus grands fleuves de l'Asie, soit une source d'eau dont dépendent des dizaines de millions de personnes. Le but est d'évaluer et surveiller l'ensemble des glaciers himalayens dispersés sur un territoire grand comme la France.