Le 21 mars, l'Agence de la transition écologique (Ademe) a publié les résultats d'une étude qui évalue les performances « réelles » atteintes par les maisons individuelles rénovées en une seule étape au niveau basse consommation (BBC) ou équivalent. Il s'agit de rénovations complètes (six postes de travaux) et performantes. Cette étude a été menée par Enertech, Effinergie, Médiéco et l'Institut Négawatt, dans le cadre du projet « Perf in Mind » soutenu par l'Ademe.
Parmi les 106 maisons étudiées, 40 ont été instrumentées pour un suivi dit « avancé » afin de collecter des données sur les consommations énergétiques par postes [chauffage, eau chaude sanitaire (ECS), ventilation...], le confort et la qualité de l'air intérieur. Cette instrumentation a été couplée à une thermographie infrarouge des bâtiments et à une visite du logement. Les données collectées durant un an ont été analysées pour caractériser la performance des maisons une fois rénovées et d'identifier les « bonnes pratiques ».
Atteinte des performances énergétiques
La consommation moyenne en énergie primaire mesurée pour le chauffage, l'eau chaude sanitaire, le rafraîchissement, l'éclairage et les auxiliaires est de 75,2 kWhEP/m²SHON/an. Les enveloppes sont aussi « globalement très performantes » et permettent d'atteindre un besoin de chauffage « très faible : 45 kWh/m2/an en moyenne », détaille l'étude. Les rénovations les plus performantes « allient une excellente enveloppe et un bon rendement d'exploitation de chauffage ». Les pompes à chaleur (PAC) installées ont notamment un coefficient de performance supérieur à 3 et le rendement des chaudières est supérieur à 80 %. De même, 70 % des logements après rénovation sont en classe B ou A de l'ancien DPE (celui en vigueur au moment de leur conception), ajoutent les auteurs.
Confort hygrothermique et qualité de l'air intérieur
En complément de la performance énergétique, l'étude qualifie le confort hygrothermique d'été et d'hiver des occupants, ainsi que la qualité de l'air intérieur (CO2, formaldéhyde, composés organiques volatils légers (COVL), composés organiques volatils totaux (COVT), particules fines (PM2,5) et radon), « un enjeu important de santé des occupants », soulignent les auteurs.
Résultat : le confort après rénovation est jugé « bon », en hiver comme en été. En hiver, la température moyenne, tous logements confondus, est de 20 °C, ce qui est « cohérent avec la température souhaitée par les habitants », puisque 99 % des ménages sondés se déclarent « satisfaits ». Et 82 % se disent satisfaits du confort d'été.
La qualité de l'air mesurée est aussi « très bonne dans la majorité des cas », observent les auteurs. Globalement, les concentrations moyennes des différents polluants sur la semaine de mesure sont « faibles » dans les 33 maisons où la mesure a été réalisée. La corrélation entre le taux de CO2 et le taux de renouvellement de l'air est « assez bonne ».
Pour « la grande majorité » des logements instrumentés, les concentrations en particules fines respectent, en outre, « les lignes directrices de l'OMS ». Tandis que 57 % des maisons présentent une concentration moyenne en COVT « négligeable sur la semaine de mesure ». Par ailleurs, la ventilation après rénovation « joue un rôle important dans le maintien des concentrations en radon ».
Des bonnes pratiques et des points de vigilance
L'étude montre donc « le succès » des rénovations énergétiques BBC traitant en une seule fois « l'isolation des murs, du sol, des toitures, le changement de fenêtres, les systèmes de chauffage, de production d'eau chaude et de ventilation », conclut l'Ademe.
Les auteurs attirent toutefois l'attention sur le traitement des ponts thermiques et de l'étanchéité à l'air. Par exemple, une maison du panel, ayant subi précédemment une isolation thermique par l'extérieur (ITE), a révélé « d'importants ponts thermiques autour des menuiseries, dus à l'impossibilité de traiter l'isolation des tableaux », citent-ils. En fin de chantier, ces derniers pointent aussi « les nombreux défauts de réglage de la ventilation, quel que soit son type » et « l'absence de réglage de l'installation de chauffage dans certains cas ».
En revanche, des bonnes pratiques ont été mises en évidence et sont « à généraliser, comme l'isolation périphérique des planchers bas, la régulation terminale performante du chauffage et les équipements hydro-économes pour l'ECS », notent les auteurs.